dimanche 29 septembre 2013

Ce serait une bibliothèque de banlieue





Ready-Recovered

Au cœur de la ceinture proche de Paris, capturé en format « objets trouvés » à la manière des surréalistes ou de « ready-made » de Duchamp ou encore de « ready-destroyed » de Bertrand Lavier, des objets, à inscrire dans un processus de recovering, « ready-recovered », éphémères sculptures capturées, en ce sens elles sont « recovered » ou remémorées après leur disparition dans l’espace muséifié d’une photothèque, et par l’écrit qui accompagne les photographies, « recovered » comme réhabilitation de ces petits sèmes de banlieue, « recovered » par les images/textes qui donnent à voir de ces villes les splendeurs envolées du quotidien.




Littéralité d’une bibliothèque |




Dans ces espèces d’espaces qu’on croise quand on marche, dans le plan du trottoir quand y a le beat, le bruit des pas qui vont de l’avant, on hache du regard les bans, on vibre aux petits dieux de rien, de ci de là, et tout à trac dans l’arc des yeux la moisson des berlingots, les livres éphémères montés en piles, bibli, bib, on a trouvé, ce serait une bibliothèque de banlieue.
  




La scène |


Le monde est une scène, découpez délicatement le long du pointillé. Trois plans, conserver la fenêtre mais ne pas s’enfermer dans les croisillons, ça assombrit, ça limite. Passer au second, révéler les amours d’antan, les arches, les chenaux et les murs travaillés, au fond le fond de scène, et le tout fait théâtre sur cet étrange chantier, la vie c’est ça, ça sculpte pour la frime, mais en fait ça cache la mort, le love/la mort, c’est pareil, pas loin le néant, tout près de l’accès, un rien vous dit la ville, plus qu’on en sait jamais sur la vie.  







Pas la forme, ce matin |

Pas la forme aujourd’hui, suis un peu éreintée depuis le feu d’hier, on m’a laissée là à l’entrée du parking, vent de révolte finit souvent sans roues, sont où nos belles envolées révolutionnaires, finissent dans les halos des cocktails, molotovienne gueule de bois, en métal la gueule ouverte, faudrait une p’tite pilule, un dop, ma signature, quoi je me shoote à l’orgie de rouge, le diable serait passé par là, piqué le bloc moteur et les phares, la calandre, le capot aussi, la p’tite voiture elle est éteinte, ce serait comme ça au début, une pas grand-chose qu’attend trop rien.





Wooh, Wooh |

Wooh, Wooh, tu entends le brinquebalement du train, ça file très vite, juste le temps de l’attaquer dans le viseur qu’il te file entre les yeux, les trois couleurs qui disent viens, stoppes, rêves, dans la ville, c’est la petite musique qui dit que ça va bien, qu’on espère, et au milieu coule la rivière, c’est ça les machines ça réveille la nature, ça la surplombe, ça la surprend, ça interfère. A peine là, que déjà parti, et ça reviendrait, sans prévenir, qui pour regarder l’heure, petites voitures tournent le    dos, aiment pas se laisser prendre.





Sculpture à l’improviste |


Point n’est besoin de sculpteur pour la sculpture de ville, elle se tient posée en évidence, et même pour le coloriste, on saurait s’en passer, parce que la peau de peu sait s’imposer à vue, elle peut se déployer en sorte d’explosion, quand on la laisse faire, elle s’épanouit comme ces fleurs du mal en lien dans les quartiers, elle s’offre ainsi le piédestal à quatre côtés, mastoc un peu trop large, (pierres à mur bétonné, ni bois torsadé, ni bloc de marbre, pas de curateur pour penser le socle), elle ose même s’appuyer à un arbre bien droit, solide, s’intégrant à l’espace, le constituant comme échelle vers un au-delà qu’on n’aperçoit pas, les sculptures de ville, c’est comme ça, ça choisit où ça se pose, on ne demande pas par quel hasard, on n’aurait pas pensé mais c’est là malgré tout, celle-là fait point ou tache, fait trou de serrure aussi, si on y regarde bien le dense du tissu n’oblitère rien, ce rouge presqu’acide à première vue n’est que douceur, il chatoie, il fait huître à deux bras, accueillante de l’arbre, qui échappe vers ses propres lumières, -une verticalité un peu inattendue mais le ton reste discret, assez plaisant en fait, s’occupe du feuillage tête en l’air, on ne sait pas lequel, il est hors du cadre-, alors elle reste en bas, la sculptures de toile, elle se fait ready-made de banlieue, sans doute son statut, le plus beau, celui qui éclaire le chemin des pauvres, leur fait voir le bonheur de vivre dans l’ombre d’une place en clairière, -la place aveugle des cités, celle qu’on a inventée n’est pas née de l’aggloméré du temps, elle a été pensée place, ou plutôt résidu, plus petit dénominateur, c’est pour ça que peu chère, sans fontaine, encadrée, résultat des autres structures autour, tout de sa forme est produit de plans et du peut pas faire autrement, tentatives renoncements d’architectes que ne tente que la matière pas le vide au creux, mais dénominateur commun, en commun, quadrature du rectangle en solidarité- et ça fait vitrine pour la sculpture coquelicot, légère, facile à agiter, un rien la déséquilibrerait, vaguement excentrée sur l’image, mais bien dans la lumière, semblant se retenir à l’arbre, elle sphère et lui en contraste cylindre, étroit le cylindre, qui ne fait que ce qu’il doit faire, pousser vers le haut, peut-être qu’à le faire longtemps il fera exploser le cube et même repoussera la penchée comme ça par inadvertance, mais pour plus tard, la margelle l’entoure à distance et ce volume de sable loin d’être rempli, pourtant le risque existe aussi d’un coup de vent à trop attendre là, rien pour accroche, pas d’harnache, pas d’ancre, alors peut-être un jour ira-t-elle plus loin faire la rolling stone, la beauté naît de ça, l’éphémère, le rien de garanti, cette magie de l’instant, mais en attendant ils se tiennent là, lui tronc pas fier, elle en adhérence mystérieuse et comme collés à bouches. Pour ça que le regard n’en fait qu’une seule de sculpture, support/surface « arbre et tente ».





Vous avez un message |



Vous avez un message, sans bouteille à la mer. Le vent qui les entraîne, le souffle des mots, la poésie se pose, même quand c’est pas beau, on croit que c’est un P. et puis un Q., mais non, c’est le bonheur des lettres se posant sur la ligne d’un pêcheur qui guette, qui attend dans le gris, le brouillard du matin on ne sait s’il promet, on attend de lire ce que la lettre dit.







Truck and go |


Le truck imposant, dont on sait qu’il partira sans doute, mais il est là, la marque n’est pas de lui, elle est sur la barrière, mais sera tout aussi éphémère, et cette rémanence des ponts bleus à l’arrière, insatiables, le monde entier à passerelles kits de la couleur préférée, l’au-delà d’une rivière pensée dans sa forme de prêt-à-franchir, alors le rhinocéros paraît presque nouveau dans le paysage, on prend sa force, sa disponibilité, sa capacité, son entêtement d’être et ses zébrures noires comme un cadeau, il ne tremble pas et on sait qu’une fois moteur allumé, ah, fera gémir les piliers et le sol, terra motta, molle la terre après son passage. Donc à saisir avant qu’il ne quitte.




Mixer de ville |


 

La rouge à cheveux blonds dans l’éclat d’un soleil, en fin d’après-midi, attend sa lèche, l’aime bien, il suffit d’un volant bien manipulé, de charge de sable, de poudre grise et d’eau, la rouge elle aime bien ça la mixture à la pelle, se fait pas prier, peut même rouler et disparaître quand le chantier est fini.








Rhapsody in yellow and orange |


 

Un couple de péniches accoste, pourquoi le dire, c’est évident, biens complémentaires, les bateaux font tache sur le gris de l’ordinaire, sans doute venues de loin, de Hollande ou d’une Île pas vilaine, font deux ailes, un papillon, posé sur l’eau, elles font trempette aux bites d’amarrage, on le devine, et même les liens du couple à quai. L’intérêt de l’attraper, avant qu’il file vers d’autres rivages. La couleur ça étonne, ça plaît, et puis ça émoustille, c’est dans la nuit que ça démarre.








Prenez soin de vous |


Prenez soin de vous, prenez-vous en main, tâtez-vous le toit, couvrez-vous, on ne sait jamais de quoi le ciel est capable, la tuile c’est quand il n’y en a pas, de toit, qu’il laisse passer les larmes et le reste, alors mettez le condom, prenez la toile par la corde, tendez-là, arrimez vos abattis, toc toc c’est la pluie, qu’importe, le vert est à déploiement, il ment sur la couleur de la couverture, n’a même pas fait semblant, les draps c’est comme ça, ça ne respecte rien, ça couvre mais on y voit quand même la forme, parce que ça plaque et que ça moule, avec juste ces petites ridules qu’on sait qu’on tend pas assez.











Les petites chambres |

      
En douce, parquées, à la queue-leu-leu, les petites chambres du samedi soir d’une rue, le temps d’un week-end, on ne dit pas ce que font ceux qui, derrière les lucarnes calfeutrées, mais dans l’orifice du milieu l’orange dit assez que ça s’éclate, ça secoue, ça on pourrait le voir, peut-être rester jusqu’au soir pour deviner ce que dans fiacre fait, mais à cette heure, on fait sans doute la sieste, on va remplir sa poubelle bientôt, on sortira par derrière côté cour, parce que côté jardin c’est public, on voit passer les citadins, ceux d’ici, et puis demain ceux d’ailleurs, on se déplace en clan, trois caravanes, trois familles, promiscuité des regards à l’heure où, mais on vous dit, à cette heure tout est calme, peut-être partis au centre-ville, direction grand magasin, mendier de quoi revenir au soir et pour le reste pas n’est besoin d’argent.




A l’intérieur |



A l’intérieur, ça vit, ça passe d’une pièce à l’autre, ça structure, c’est la mire, la pelleteuse charrie, va et vire, tant va la cruche à l’eau, les papiers peints se font, on va même à layette, ça croît, ça se lasse, et puis un jour juste les murs à traces, les murs qu’on efface, les papiers peints se défont, dans le passé ça migre, c’était bien, c’était bien, et puis adieu au cat.





Les acacias|


Demain auront disparus les acacias. Les acacias ça agace, ça turlupine, ça vibre quand on souffle dessus, à travers, et devant la cahute précaire l’acacia fait figure vivante, parce que le cœur il est fendu, il tressaille de toutes ses flèches, la porte sait qu’on va l’abattre et même la fenêtre avec ses gonds l’air si solide, elles comme les murs sont promis à démolition, comme ça, l’amour, ça va, ça vient et puis ça part, tube rouillé fait croix devant, ici gît un amour défunt.







La fin au scieur de vie|





Les billes de bois prêtes à l’assaut, à quoi ça sert, la palette est de guingois, a l'air plus légère, jusqu’à la planche de peu et point final, tout du cycle d’une vie d’arbre là, la ligne enchevêtrée, le tas, le tas, et toi t’es là à contempler de mort à mort le travail du scieur de vie.
20 septembre 2013




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